Bonsoir,
Nous allons parler ici d'un sujet / secteur dont personne ne parle dans les médias alors qu'il y a 12 ans pour une situation moins dégradée / grave ce secteur faisait les gros titres.
Suite à mon billet sur la contamination de la crise économique (qui s'avère de l'ordre de ce que j'envisageais dans mon scénario de 8 à 10 % de chute de PIB en 2020 sur la base d'un dé confinement débutant fin mai / début juin en France, la banque de France vient d'annoncer une chute du PIB sur le premier trimestre 2020 de 6% en équivalent annuel
https://www.banque-france.fr/statistiques/conjoncture/enquetes-de-conjoncture/point-de-conjoncture
pour seulement 15 jours (du 17 au 31 mars) de confinement sur (31+28+31) = 89 jours soit 16,8 % des jours. En supposant que sans crise le PIB n'aurait pas varié, cela signifie que la chute du PIB sur ces 15 jours a été de 6%/15*89 = 35,6 % .. (ou une perte de près de 3 % de PIB annuel pour 4 semaines de confinement, contre 3.5 % considéré dans mon estimation de mon précédent billet) c'est massif ! C'est du domaine de la dépression et non de la récession. On est loin de la crisounnette de 2008. Les industries manufacturières qui ont continué de produire durant cette période (il y en a 57 % d'après le rapport de la BDF, seront bien moindre à la faire encore à fin avril du fait du manque de matières premières et autres pièces détachées qui va se faire sentir courant avril et donc ce % sera donc amené à croitre fortement pour Avril et tant que le confinement durera.
C'est dramatique alors que l'Allemagne, qui est entrée plus tard que nous en confinement mais qui a des masques, des respirateurs et des tests en quantité astronomique comparativement à nous (la question étant de savoir pourquoi pas nous alors que nous sommes sensés avoir le meilleur système de santé au monde) elle envisage de déconfiner dès le 19 avril, de notre côté Macron va parler lundi prochain (après le week end histoire de ne pas avoir de sorties massives de français à l'extérieur de leur logement que ne manquerait pas de générer une annonce d'une prolongation importante, après déjà 3 semaines de confinement) pour nous annoncer une nouvelle extension (et probablement toujours pas de date de dé confinement) ... quelle honte, on devra boire cette honte jusqu'à la lie j'en ai bien peur.
Du coup la France a 5,6 millions de salariés au chômage partiel (25 % des salariés) ... incroyable (quant aux USA ils sont passé en 15 jours à + 10 millions de chômeurs ... on parle d'un pays de 330 millions d'habitants contre 65 Millions en France ... nous voyons que nous n'avons rien à leur envier même si il s'agit de chômage partiel (pour l'instant mais les choses évoluent vite, Disney vient de jeter à la porte sans indemnités aucunes 1000 intérimaires / CDD. Sans indemnité car ils ont fait jouer la cause de force majeure... au moment même où ils lançent leur chaine pour concurrencer Netflix... pas malins).
Et des choses semblables se passent dans la plupart des pays d'Europe. L'inconnue étant la durée du confinement qui pourrait être d'un mois par endroit (Allemagne) et jusque 2,5 mois ailleurs (Comme cela semble se profiler en France, à minima).
Chute profonde du PIB, explosion du chômage ... les emprunts et charges vont être difficiles à honorer que cela soit pour les entreprises ou les particuliers ... les banques européennes sont donc sous pression ... un incide du secteur européen existe et permet d'apprécier à quel point : STOXX Banks.
Ici entre mi 2006 et mi 2016 : on note 3 choses :
- Le pic de 480 au deuxième trimestre 2007, juste avant le début de la crise des subprimes en juin / juillet 2007
- Les bas vers 75 du premier trimestre 2009 et 2012 ... à la fin de la crise des subprimes et de l'Euro (2011)
- La tendance baissière continue depuis 2007 en triangle avec ligne de support sur les 75, les plus rebonds sont de moins en moins haut ... 240 après les subprimes, 160 après l'Euro

On se souvient que 2008 reste dans nos esprits comme une crise financière aigue, très aigues même ayant nécessité un bail out des plus grandes banques mondiales et même quelques nationalisations (comme le mastodonte de l'époque RBS au RU), la perte de 3 banques d'affaires indépendantes US sur les 5 qui existaient : Bear Stearns .. avalé en catastrophe par Bank of America début 2008, Merrill Lynch rachetée en catastrophe le 15 septembre 2008 par BoA encore elle et la faillite de Lehman Brother le 15 septembre également (n'ont survécue que Goldman Sachs et Morgan Stanley) puis de nombreux changement de règles prudentielles sensées mettre au pas la finance qui était subitement devenue (pas pour longtemps) l'ennemi de nos dirigeants français avant que les français finalement élisent un banquier d'affaire en 2017 (passé par Rotschild, tout comme Pompidou avant lui).
Qu'en est il aujourd'hui alors que nous venons de rentrer dans une troisième crise d'une importance bien plus grande ?
Sur les 10 dernières années, avril 2010 à avril 2020 on observe deux choses :
- L'indice est revenu tester le support des 75 au moment du vote du Brexit fin juin 2016 avant de rebondir vers 140, donc encore moins haut que le précédent plus haut d'après crise de l'Euro finalisant donc le triangle avec partie supérieure descendante et inférieure horizontale à 75 dont on sait qu'elle est une figure chartiste qui se casse par le bas.
- Et effectivement en mars 2020, l'indice a casser cette horizontale et réalisé récemment un plus bas historique autour de 50, soit une chute de 65 %

On constate donc que la valeur des banques européenes en moyenne a :
- Chuté de près de 90 % depuis le pic de 2007 alors qu'elle n'avait chuté que de 85 % lors de la crise de 2008, de l'Euro et du Brexit
- Que depuis le planché de 75 atteints en 2009, 2012 et 2016, la chute est de 33 % alors que la crise de 2020 ne ferait que commencer.
Comme dans mon précédent billet nous avons vu que le TED spread venait de grimper fortement comme il avait pu le faire à l'été 2007 annonçant la crise des subprimes (il était à 1.35 ce soir)
Il n'y a donc pas de doutes :
- Une crise financière est à l'oeuvre,
- Elle détruit comme jamais la valeur des banques,
- Malgré les injections massives de liquidités des banques centrales qui ont en gros multiplié par 10 leurs injections (et en fait s'est en rapport avec l'importance de cette crise) de liquidité et les annonces faites depuis début mars 2020 en baissant leurs taux (FED et Banque of England quand elles avaient pu les remonter depuis 2008),
- Que cela en dit long sur la nature de cette crise, qui n'est probablement que le prolongement de celle de 2008 qui a été camouflé par les Quantitatives easing massif de la FED, de la BCE de la banque du Japon, d'Angleterre et de Chine, et dont le Coronavirus n'a été que le prétexte qui la mise au grand jour.
- Que la crédibilité / toute puissance des banques centrales sont en train d'être mises à l'épreuve et que le monde entier risque bien de constater que les rois sont nus.
- Qu'il serait improbable que des banques en Europe ne fassent pas faillites ou ne soient pas nationalisées (ou rachetées en catastrophe par d'autres sous instruction de l'état), pourquoi croyez vous que Lemaire ait parlé de nationalisation en France ... il n'y a pas qu'Air France, il y a plus important que cela encore. Vous savez quelles sont les banques les plus à risques ... Deutsche Bank, Commerzbank, Unicredit et Natixis et Société Générale, BPCE en France (cela n'engage que moi, je vous invite à faire vos propres vérifications, à commencer par le cours actuel vs le plus haut de 2007 ... cela vous donnera déjà une petite idée et de trier les banques entre plus ou moins critique). Elles sont donc à suivre avec la plus grande attention.
Je vous conseille donc de vous tenir à l'écart des bancaires qui sont à considérer comme la peste.
Cela pose donc la question sous jacente de la sécurité de votre épargne .. c'est une vraie question et il serait préférable d'avoir le moins de cash (ou argent sur livrets) possible dans les banques à risque et en tout cas moins que les 100 000 Euros de garanties, je recommenderais même moins de 70 000 Euros surtout si vous êtes dans une des banques les plus fragiles.
La sortie d'une figure en triangle donne un premier objectif assez simple : 10 soit une chute de 80 % encore possible sous les cours actuels ... on n'ose y penser mais on peut imaginer que les banques européennes en moyenne perdraient entre 50-60 % pour les banques les plus solides et ... toute leur valeur (pour les banques zombies pour lesquelles cela va mal se finir) ... cela donne un idée (n'oublions pas que nous serions dans une grande dépression du type de 1929 - 1932 où les marchés avaient perdus 85 % de leur valeur à partir de leur plus hauts).
On se rappellera que Lehman a fait faillite alors que son cours de bourse été de l'ordre de 97 % de son pic de 2007 ... on peu s'amuser à faire cela avec nos banques françaises et les principales banques européennes, sur la base de leur cours de clôture du 08/04/2020 ... ne tombez pas de votre chaise, car si vous ne l'aviez jamais regardé sous cet angle et vous étiez bercé de douces pensées que le secteur bancaire était revenu à la normale ... détrompez vous (juste se souvenir que le secteur à en moyenne perdu 65 % dans le Krack de février / mars 2020, voir plus haut, donc une banque qui aujourd'hui a perdu 90 % vs 2007 était avait perdu 70 % vs 2007 avant ce Krack ... on voit que cela n'était pas glorieux déjà comme "retour à la normale") :
NB: les plus haut de 2007 sont repris d'un autre site web, je ne les ai pas vérifiés.
- SG : 14,6 Euros vs 146 Euros soit une baisse de 90 %,
- Natixis : 2,2 vs 18 Euros soit une baisse de 88 %,
- CA : 6,7 Euros vs 33 Euros soit une baisse de 80 % (c'est qui j'ai un compte mais sans liquidité)
- BNP 27,0 Euros vs 88 Euros soit une baisse de 70%,
Pour les banques étrangères dans la catégorie zombies (2 italiennes, 2 allemandes et 2 anglaises) :
- Commerzbank 3,4 Euros vs 292 Euros soit une baisse de 99 %,
- BMPS : 1.2 Euros vs 90 Euros soit une baisse de 99 %,
- Unicredit 7,3 Euros vs 749 Euros soit une baisse de 99 %,
- RBS 1.15 p (après division par 10 car cours multiplié par 10 en juin 2012) vs 219 p soit une baisse de 99 %,
- LLoyds 1,5 p vs 45 p soit une baisse de 97 %,
- Deutsche Bank 6,5 Euros vs 159 Euros soit une baisse de 96 %,
Les autres proches d'y rentrer :
- Credit Suisse 8,7 FS vs 89 FS soit une baisse de 90 %,
- Santander : 2,2 Euros vs 20 Euros soit une baisse de 89 %.
- UBS 9,6 FS vs 64 FS soit une baisse de 85 %,
- Barclays 4,6 p vs 60 p soit une baisse de 82 %,
La plus solide (chez qui j'ai un de mes comptes) :
- HSBC 26,0 $ vs 99.5 $ soit une baisse de 74 %,
Mon compte principal est à la banque postale (garantie de l'état).
Ce secteur étant très représenté dans le CAC (SG, BNP, CA mais aussi Axa qui vent des produits financiers), je vous laisse imaginer l'impact qu'il va avoir sur notre indice préféré.
J'aurai l'occasion de reparler de ce secteur, car son actualité risque fort d'être brulante dans les mois qui viennent.
Bréhat